Contra Info / mercredi 9 septembre 2020
Le 23 août 1927, les compagnons anarchistes Nicola Sacco et Bartolomeo Vanzetti ont été exécutés sur la chaise électrique, accusés de vol à main armée et du meurtre de deux personnes, à South Braintee, dans le Massachusetts. Ils ont été jugés dans le cadre d’une procès douteux, symbole de la vengeance exemplaire du pouvoir contre le mouvement anarchiste dynamique de l’époque, dans le territoire dominé par les États-Unis. Après sept ans d’une intense et inoubliable campagne d’agitation et d’action en leur faveur, les compagnons Sacco et Vanzetti ont été condamnés sans qu’aucune preuve fiable ne permette de les relier aux faits contestés. Nous savons que le pouvoir ne s’est pas trop soucié de leur implication dans les faits, mais qu’il les a condamnés pour ce qu’ils étaient : des anarchistes de praxis convaincus. Ils sont restés dignes et la tête haute pendant toute la durée de leur emprisonnement, jusqu’à leur exécution, pendant qu’à différents endroits du monde, une campagne imparable et active faisait trembler les structures du pouvoir : des bombes, des rassemblements, des grèves, des manifestations, des publications faisaient tous partie d’une solidarité acrate créative, multiforme et révolutionnaire.
Depuis de nombreux milieux politiques, on a tenté de récupérer de manière opportuniste la demande de libération de nos compagnons, avec l’intention d’effacer leur identité anti-autoritaire, en tombant dans la logique de l’innocence et les défendant à partir de là. Les anarchistes, nous ne serons jamais innocent.e.s, dans la guerre contre l’autorité, parce que nous portons une vision du monde où la parole et l’action font partie du même mélange explosif et vont dans la même direction. Tomber dans le victimisme, c’est effacer notre identité et notre combat.
Le 23 août 2013, en mémoire de Sacco et Vanzetti et inspirés par l’infatigable agitation pour leur libération, plusieurs groupes de la Croix Noire Anarchiste ont lancé cette importante initiative qui est la Semaine internationale d’agitation pour les prisonnier.e.s anarchistes, en proposant d’agir pour nos compas qui sont en prison, où et comment nous le pouvons, par la propagande, la créativité et différentes autres modalités.
Dans de nombreuses régions du monde, nos frères et sœurs vivent dans les cachots des prisons et, de là, ils/elles continuent à lutter. Une semaine pour attiser cette flamme, pour rendre présente cette solidarité qui ne reconnaît pas leurs lignes imaginaires [qui sont les frontières ; NdAtt.] et qui vole dans de nombreuses directions, faisant résonner le rythme ancestral de la lutte contre la domination. Nous sommes convaincu.e.s que la solidarité anarchiste ne se réduit pas à la simple dénonciation de la situation des prisonnier.e.s, leur situation étant inséparable de la guerre sociale ; du coup, toute action contre le pouvoir est un acte de solidarité avec nos sœurs/frères emprisonné.e.s, pour rappeler à nos ennemis qu’aucun mur de prison n’est assez haut pour nous empêcher de les attaquer.
Aujourd’hui, nous vivons une nouvelle forme de réorganisation du pouvoir, la montée du fascisme se consolide et la pandémie a été l’excuse parfaite pour mettre en place un contrôle à des niveaux que nous ne connaissions pas avant, mais que nous voyons arriver. C’est un moment historique où la tension monte de plus en plus et où le poids de nos idées est quelque chose de toujours plus menaçant et de dangereux pour les projets de la domination. Cependant, celles/ceux qui s’engagent dans la lutte en subissent les conséquences.
Faisons résonner les noms de tou.te.s les prisonniers anarchistes séquestré.e.s par les États, en Indonésie, en Biélorussie, en Grèce, en Italie, en Iran, en Russie, en Espagne, aux États-Unis, au Chili. Pour informer, pour faire connaître leurs réalités, leurs histoires, pour leur écrire une lettre, mais surtout pour l’action, la conspiration et la propagande. Cette année, cette semaine, un mois après l’arrestation des compas Mónica et Francisco, qui nous ont donné une fois de plus un bel exemple de force et de conviction, en faisant face à la taule avec la tête haute et en sachant que : « … dans la création de complicités, dans la conspiration et dans l’action nous supprimons des maillons de nos chaînes, nous expérimentons, même s’ils sont éphémères, de petits moments de liberté ». F.S.
Crions à haute voix : « Ni coupables, ni innocent.e.s », car nous sommes et nous serons leurs ennemi.e.s infatigables, nous crachons sur leurs maudites lois et ce n’est ni maintenant, ni jamais, que nous accepterons leurs jugements sur notre destin. Nous saluons tous les compas qui continuent à lutter, ici ou partout ailleurs, qui continuent à faire battre dans leurs cœurs ce désir incontrôlable de liberté, qui restent vivant.e.s et actif.ve.s même si enfermé.e.s de l’autre côté du mur. À tou.te.s les compas anarchistes emprisonné.e.s à cause de leurs actions conséquentes d’attaque contre l’existant et pour la récupération de leur vie ; aux compas anarchistes emprisonné.e.s à cause des émeutes pendant la révolte ; aux prisonnier.e.s subversif.ve.s, qui sont une partie importante de cette lutte à l’intérieur et contre la prison ; aux prisonnier.e.s politiques de la révolte, dont beaucoup devront bientôt faire face aux procès et à vengeance de l’État ; aux prisonnier.e.s politiques Mapuche, qui sont en ce moment à leur 118ème jour de grève de la faim.
Feria antikarcelaria
Santiasko, Pikun Mapu, Planeta Terra