Indymedia Nantes / dimanche 8 novembre 2020
Aujourd’hui, le procès contre les trois compagnon-ne-s accusé-e-s d’incendie volontaire planifié à Hambourg (parkbanksolidarity.blackblogs.org) doit se terminer par une sentence. Depuis presque 15 mois maintenant, deux d’entre elleux sont retenus en otages par l’État en prison. et une en „liberté » surveillée. Otages à cause de la perpétuelle croyance des autorités de pouvoir parvenir à mater tout le monde en faisant un exemple avec quelques-une-s. Dans ce sens, nous nous voyons aussi sur le banc des accusé-e-s avec les compagnon-ne-s à Hambourg, et tandis que le tribunal et le Parquet dormaient encore du sommeil des bien-pensants, nous avons mis notre complicité en acte.
Défendre la pratique offensive
Lorsqu’en juillet de l’année dernière les menottes se sont refermées, les flics croyaient encore avoir enfin asséné un coup conséquent aux groupes d’action à Hambourg, voire peut-être même au-delà. Ils en étaient si persuadés, qu’ils ont immédiatement voulu partager leur joie et leurs dossiers avec la presse. Depuis, le silence s’est pourtant imposé à cet égard du côté de nos ennemis, ce qui est sûrement dû au fait qu’ils n’ont à nouveau pas réussi à conserver leur monopole d’interprétation initial, y compris devant leur tribunal.
Nous ne voulons pourtant pas nous préoccuper davantage ici du domaine juridique – sans minimiser le travail qui y a été accompli – , il nous manquerait pour cela la connaissance nécessaire. Nous voulons plutôt parler de pourquoi – à côté d’autres choses essentielles telles que le soutien émotionnel, social et financier aux personnes concernées – la réalisation d’actions directes fait aussi partie de nos aspirations à la solidarité.
Quels que soient les efforts de la justice pour présenter ses procédures pénales comme quelque chose où il s’agirait exclusivement de la culpabilité personnelle d’individus, le contenu politique de ses décisions est difficilement occultable, particulièrement dans les procédures sous article 129. Tout comme l’action offensive ou illegalisée prend sa source dans un conflit politique ou social, la réaction de l’État résulte naturellement aussi de ces conflits. Pourquoi notre solidarité devrait-elle rester en deçà de ces réalités ? Il doit être clair qu’à chaque détention, chaque manifestation défoncée, qu’à chaque surveillance et chaque campagne de diffamation, la question reste en fin de compte posée de savoir si l’État parvient avec cela à faire reculer, ou pas, les actions et les idées antagonistes. Comme nous n’avons pas l’intention de battre en retraite, nous ferons tout notre possible pour faire échouer leurs tentatives de désagrégation.
– Nous défendons les faits mis en accusation et nos idées – politiquement, publiquement et pratiquement –
Qu’il s’agisse de la Elbchaussee, d’occupation de forêt ou de véhicules Vonovia en feu : il n’y a rien à regretter ou à excuser. Une action ne devient pas mauvaise du fait qu’elle ne marche pas ou que les flics tentent par la suite de mettre des gens en taule pour ça. Les raisons et la nécessité de la pratique offensive restent les mêmes et nous continuerons donc à la propager. Si la critique d’actions devait être nécessaire, elle est priée de s’adresser au mouvement de lutte et pas à la presse ou à la bourgeoisie.
– Les prisonnier-e-s et les clandestin-e-s font partie de nos luttes –
La plupart d’entre nous qui ont décidé de penser la pratique offensive comme partie intégrante d’un mouvement d’émancipation ont, tôt ou tard, probablement réfléchi au fait que la taule pouvait être une conséquence possible de cette décision. Certain-e-s d’entre nous doivent peut-être encore le faire. Peu importe que la bouteille lancée lors de sa première manif ait mis dans le mille mieux que prévu, ou qu’il s’agisse de camarades d’anciens groupes armés vivant en clandestinité depuis des décennies : nous n’oublions pas les nôtres !
En partant du sérieux de nous tou-te-s, personne ne perd sa résistance à la porte de la prison. Les prisonnie-r-e-s continuent à se battre, à un autre endroit et dans des conditions merdiques. Quelle raison avons-nous dehors, de en pas continuer à nous battre avec elleux ?
– Les luttes en cours continuent à être menées et, dans le meilleur des cas, intensifiées –
Les flics font des descentes dans des bibliothèques et des infoquiosques pour des affiches ou des revues? Une bonne occasion pour les réimprimer et les distribuer largement. Dans la forêt de Hambach des personnes sont mises en préventive pour avoir protesté contre les intérêts de grandes entreprises ou de partis ? Il est temps de s’installer dans la cabane dans les arbres laissée libre ou de regarder dans sa propre ville si tel ou tel véhicule d’entreprise mis hors d’usage peut contribuer à causer des dommages économiques.
Le 8 juillet 2019, trois compagnon-ne-s sont arrêté-e-s par les flics à Hambourg, soupçonné-e-s d’avoir voulu réaliser plusieurs attaques incendiaires pour le jour anniversaire du G20 ? Là, nous avons imaginé ce qui suit…
Attaque incendiaire contre la police fédérale à l’aéroport Tegel
Dans quelques jours, l’aéroport de Berlin Tegel fera officiellement partie du passé pour la circulation normale des personnes. Au cours des dernières semaines, nous avons pu lire partout des récits mélancoliques de beaux souvenirs qui relieraient beaucoup de Berlinois-e à cet aéroport. Des souvenirs dont l’origine doit certainement être la couleur de peau convenable et le passeport correspondant. Pour toutes celles et ceux que ce monde a doté-e-s de conditions de départ moins privilégiées, Tegel sera lié à d’autres expériences. Dans le meilleur des cas, elles se limitent aux visages du flic à la frontière doutant que leur passeport soit vrai pour de simples raisons fortuitement racistes, mais dans beaucoup trop de cas le dernier regard porté sur Tegel l’a été depuis le vol d’expulsion. Et comme Tegel, n’importe quel autre aéroport allemand est un bastion coulé dans le béton et l’asphalte du régime européen des frontières. Aucun vol international n’arrive sans un expulser à plein temps du BKA ou la police fédérale aux tripes inquisitrices et au regard cherchant les cheveux noirs ou la peau sombre.
Ce sont probablement les tripes des flics qui leur ont fait décider de la hauteur du grillage protégeant leur poste de police en dehors du tarmac. Simplement, il n’était pas assez haut.
En pensée auprès des trois compagnon-ne-s de Hambourg, nous avons placé plusieurs engins incendiaires sous les voitures garées devant leur bâtiment. Selon les articles de presse, le feu qui en a résulté a détruit 5 de leurs véhicules de service, dont tous n’étaient pas marqués comme tels. Cela nous réjouit bien sûr particulièrement qu’apparemment deux bagnoles privées des porcs supplémentaires aient aussi cramé – nous avons mauvais esprit.
Liberté et bonne chance aux compagnon-ne-s emprisonné-e-s !
Des groupes autonomes