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J’irai cracher sur vos masques. Contraintes sanitaires et soumission durable au temps de l’épidémie de Covid-19 (Caen), décembre 2020, 80 pages, A5
« J’irai cracher sur vos masques est une version brochure du texte parut dans le numéro 1 de notre bulletin, Soleil noir. Le texte y est précédé de l’avant-propos reproduit à la suite. Rien de fondamentalement nouveau malheureusement sous le soleil noir dans cette seconde parution, sinon ces quelques précisions préalables. Vous pouvez bien évidemment vous emparez de cette brochure si elle vous cause et la diffuser pour alimenter vos infokiosks et vos caisses. »
Début de l’avant-propos :
J’irai cracher sur vos masques est paru en juillet 2020 dans le bulletin anarchiste Soleil Noir. Ecrit quelques semaines plus tôt, il répondait à un besoin impérieux de mettre des mots sur la rage qui m’habitait face à ce que je vivais déjà, toute proportion gardée, comme une « incarcération ». Il a les défauts qu’ont la plupart des textes écrits à chaud, mais malgré ses manques, ses approximations, il semble que ce je pense essentiel soit dit et que son sens profond réponde toujours à ce que j’analyse de la situation, de ce qu’elle produit et de ce qu’elle m’apparaît nécessiter pour tout révolutionnaire ou révolté comme réflexion et action.
Son titre gentiment provocateur, soufflé lors d’une soirée éthylique de confinement par une amie inspirée, ambitionnait de rendre hommage au « J’irai cracher sur vos tombes » de Vian/Sullivan, et à répondre aux injonctions culpabilisantes administrées aussi bien par les autorités que par quelques proches ; il provoqua malheureusement une confusion, celle de réduire l’essentiel de l’analyse à la critique du port du masque.
Certains lui ont alors prêté des inspirations complotistes, ou une volonté de nier les effets de l’épidémie. D’autres l’ont pris comme une leçon de morale, insufflant une contre-culpabilité à ceux et celles qui souhaitaient suivre scrupuleusement une bonne partie des recommandations sanitaires des autorités ou comme une volonté d’imposer des contre-normes comme celle de refuser le port du masque.
Il n’a pourtant jamais été question de cela, mais juste de tenter une analyse à chaud de la gestion de crise qui s’est imposée avec une brutalité inouïe depuis mars dernier et a fini par fabriquer de nouvelles conditions de vie que l’on peut qualifier avec le texte de « vie sous contrainte sanitaire » dont l’obligation du port du masque n’est qu’une des manifestations.
La crise du Coronavirus que la planète a pris de plein fouet a précipité cet avènement. Loin de protéger nos vies, les mesures que les Etats ont rapidement prises ont visé à préserver l’économie et leurs propres intérêts. Dès ce moment, les autorités n’ont fait qu’administrer statistiquement et prédictivement, à base de rapports coût/bénéfice, la ressource et la force de travail que nous sommes ; et nous ont dépossédé jusque dans les aspects le plus intimes de nos vies de toute possibilité de prendre nos propres décisions. Nous sommes depuis devenus, encore plus qu’à l’accoutumée, les spectateurs interdits d’un monde qui nous échappe…