On en sait un peu plus sur l’évasion de deux détenus samedi à la prison de Périgueux. La procureure de la République a tenu un point presse ce lundi après-midi. Les deux prisonniers d’origine moldave n’ont toujours pas été retrouvés.
C’est bien « une évasion à l’ancienne » qui s’est produite dans la nuit de samedi à dimanche à la prison de Périgueux. Ce lundi après-midi, la procureure de la République de Périgueux, Solène Belaouar, a donné plus de détails sur le mode opératoire utilisé par les deux détenus. Les deux hommes en fuite depuis samedi, n’ont toujours pas été retrouvés.
L’évasion a eu lieu en pleine nuit, mais les gardiens ne s’en sont rendus compte que vers 7h au moment de la relève alors qu’une effraction avait été constatée dans un vestiaire. Les deux détenus ont scié les barreaux de leur cellule, située au deuxième étage du bâtiment, avant de s’échapper par les toits.
Une scie artisanale fabriquée avec un manche à balai
Selon les premiers éléments de l’enquête c’est « avec une scie artisanale constituée d’un morceau de manche à balai dans lequel a été insérée une lame » qu’ils ont scié les barreaux de leur cellule. Ils sont ensuite passés par les toits jusqu’à la cour d’honneur où ils se sont glissés pour rejoindre le bâtiment qui abrite l’entrée de l’établissement et dont la façade extérieure donne sur la voie publique. Les deux détenus se sont ensuite faufilés jusqu’au vestiaire du personnel où là aussi ils ont scié un barreau. Ils se sont ensuite laissés glisser le long de la façade grâce à un rideau trouvé sur place. Ils ont atterri devant la porte d’entrée de la prison.
Des rondes « à l’œilleton » qui n’ont pas permis de découvrir l’évasion
La procureure de la République précise que plusieurs rondes avaient été effectuées cette nuit-là par le personnel pénitentiaire, notamment » à l’œilleton conformément aux instructions reçues de l’administration ». Mais les deux détenus avaient pris soin d’obstruer leur fenêtre avec des rideaux pour masquer les barreaux sciés. Pour donner l’impression qu’ils dormaient, ils avaient mis des vêtements en boule sous leur couverture. Et les quatre gardiens présents cette nuit là n’ont entendu aucun bruit suspect. Le visionnage des vidéos des caméras de surveillance a permis d’apercevoir les deux détenus sur une image et de situer l’évasion vers 4h du matin.
Une évasion minutieusement préparée avec d’éventuelles complicités extérieures
Cette évasion semble donc avoir été très bien préparée avec très certainement des repérages et pour Solène Bélaouar « il n’est pas exclu qu’ils aient également bénéficié de complicités extérieures ». La procureure de la République n’exclue pas non plus « l’appartenance présumée des deux fugitifs au milieu de la criminalité organisée », elle a donc décidé d’ouvrir une information judiciaire pour « évasion par effraction ». Pour mener l’enquête, la police judiciaire de Périgueux sera épaulée par le SRPJ de Bordeaux et par les services parisiens de l’Office central de lutte contre la criminalité organisée.
Qui sont ces deux détenus moldaves ?
La procureure de la République a également donné quelques informations sur la personnalité des deux évadés. A priori les deux hommes qui étaient incarcérés dans la même cellule pour deux affaires différentes, ont fait connaissance en prison. Le premier âgé de 25 ans est en détention préventive (en attente de jugement) à la prison de Périgueux depuis le 7 février 2020. Il est mis en examen dans le cadre d’une affaire de vol et association de malfaiteurs commise dans le ressort du tribunal de Limoges. Le second individu, âgé de 33 ans, est arrivé à la prison de Périgueux en septembre 2020, il est poursuivi pour le même type de faits commis cette fois dans le ressort de la juridiction de Bordeaux.
Selon la procureure « aucun des deux n’avait jusqu’alors posé de difficulté particulière en détention ni alerté l’administration pénitentiaire sur un possible risque d’évasion ». Ils avaient d’ailleurs été affectés au ménage et à la distribution des repas dans la zone de détention. Mais le parquet précise qu’ils n’avaient pas eu accès « à l’extérieur des zones de détention et en particulier aux locaux administratifs de l’établissement ». L’enquête devra donc notamment déterminer si il y a eu des complicités et expliquer comment ils ont eu accès au plan de la prison.