* Note du blog’Attaque’ : dimanche 25 octobre s’est tenu au Chili un referendum pour une nouvelle Constitution, qui remplacera celle écrite pendant la dictature de Pinochet. Ce referendum avait été utilisé par le gouvernement (et par une série de partis de gauche) comme carotte pour amadouer la révolte de l’hiver passé.
Alors que des milliers de Chilien.ne.s célèbrent le triomphe électoral qui va porter au changement de la Constitution*, nous sommes toujours sur le pied de guerre contre toute forme de pouvoir.
Aujourd’hui, l’État chilien, les partis politiques et la presse officielle célébrer avec les citoyens le triomphe nauséabond de la démocratie, de la voie institutionnelle et de la culture civique et républicaine, comme s’il s’agissait du triomphe dans un championnat du monde de football.
Comment les « révolté.e.s », devenu.e.s aujourd’hui des fier.e.s électeur.trice.s, vont-ils/elles assumer cette contradiction ? Nous ne le savons pas.
Ce que nous savons, c’est que celles/ceux qui hier encore dénonçaient la « brutalité » de la répression, aujourd’hui ont été aimablement reçu.e.s dans des bureaux de vote gardés par la police et les militaires.
Ce que nous savons aussi, c’est que aujourd’hui les tant idéalisé.e.s habitant.e.s des quartiers populaires dansent et chantent, ivres de démocratie, sur le sang frais répandu sur le trottoir qui, il y a seulement trois jours, a vu tomber le jeune Anibal Villarroel, assassiné par les balles de la police
Le gagnant est le Chili, le gagnant est l’État, la gagnante est la société avec son désir de vivre sous un nouveau pacte social avec la domination, la gagnante est la volonté de la majorité des gens de créer un nouveau consensus social. En fin de compte, avec plus ou moins de barricades, le gagnant est toujours le même vieux scénario écrit et réécrit dans les palais du pouvoir le long de l’historie, pour arrêter les révoltes, pour détourner les rébellions dans des voies institutionnelles et dans le jeu des partis.
Et le pouvoir rit, rit et rit encore. Il rit parce que les institutions sont cautionnées. Il rit car maintenant il aura à sa disposition davantage de citoyen.ne.s « consciencieux.ses » et démocratiques, qui aideront volontairement à désigner les réfractaires, les différent.e.s, les insurgé.e.s, les « marginaux.les », les « violent.e.s » qui interfèrent avec ses processus de changement pleins d’une civilité dégoûtante. Le pouvoir rit, car il sait que même certain.e.s prétendu.e.s anarchistes, plein.e.s de coupable espoir, se sont rendu.e.s aux urnes pour se plier officiellement devant l’ennemi, pour renoncer à leurs idées, pour capituler dans leurs convictions aussi changeantes et volatiles que la mémoire du « peuple » si fantasmé.
Nous, fière minorité de séditieux.ses, continuons à mener la guerre contre le pouvoir, sans confusion, nous multipliant et nous renforçant dans le chaos.
Parce que notre révolte n’a pas commencé le 18 octobre [2019 ; NdAtt.] et ne se terminera pas par un sale plébiscite.
MORT À L’ÉTAT ET AU CARNAVAL DE LA DÉMOCRATIE.
L’ANARCHIE VIT DANS L’ATTAQUE CONTINUE ONTRE LA DOMINATION.
POUR L’INSURRECTION PERMANENTE, SANS CHEFS NI DIRIGEANTS,
AVEC LE SOUVENIR DE NOS MORT.E.S ET NOS PRISONNIER.E.S DANS LA LUTTE
CONTINUONS LA GUERRE CONTRE TOUTE FORME DE POUVOIR.
Anarchistes non pacifié.e.s du sud d’Abya Yala ($hili).
26 octobre 2020