L’anarchiste et la foule-Sans Dogme.

Vieux texte.

lanarchiste et la foule

 

L’Anarchiste et la Foule.

Je hais l’homme soumis qui s’incline et qui prie,

La brute qui massacre au nom d’une patrie ;

Je hais la foule bête, cerveaux dont la pensée

A nos songes sublimes jamais ne s’est haussée.

Nos songes pour ces êtres qui sont des riens stupides,

Jamais sur leur visage ne creuseront ces rides,

Dévoilant le génie des fronts qu’elles flétrissent.

Leur mot est : jouissons.Eh bien, mais qu’ils jouissent !

Qu’ils mangent goulûment, oublient dans le tonneau

L’obscure intelligence de leur étroit cerveau !

Mais nous, libres penseurs, du commun détachés,

Sur le gouffre Inconnu nous restons penchés.

Nous sonderons l’abîme, cachant de la nature

Les rouages secrets de sa belle structure ;

Puis nous voudrons connaître, nous, hommes audacieux,

L’endroit sombre où se cachent les Satans et les dieux.

Je sais qu’on nous dénomme « féroce anarchistes ».

Qu’on nous flétrit du nom de « bêtes utopistes ».

Que nous importe à nous

Que quelques vils esclaves insultent nos idées !

Devant un supérieur, maître de leurs pensées,

Ils ploieront les genoux.

Au nom d’une patrie, ils iront égorger

Des hommes qui, comme eux, pour vivre ont à lutter.

Aveugles sont les yeux

De la foule abrutie qui se laisse mener

Par de prêtres infâmes qui les envoient tuer

En leur montrant les cieux !

Un régime meilleur, n’est encore qu’ un mythe

Pour le front éclairé d’un homme qui médite.

« Renversons les frontières,

Dit-il, et du bien-être rêvé, nous approchons nos pas »

Mais la foule aux mains jointes, sourde, ne l’entend pas,

Et gueule des prières.

N’est-il rien de plus doux, ô frères d’anarchie,

Que de renier le monde et de vivre sa vie,

Et puis d’être insulté,

D’être traité en lâche et presqu’en malfaiteur,

Par des gens asservis, par un peuple menteur,

Par un peuple sans liberté !

SANS-DOGME.

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